Tu viens ou tu viens pas

Précoce : – Qui se produit avant le temps normal ou habituel – qui survient plus tôt qu’on ne l’aurait souhaité.

On a toute vécu cette solitude du mauvais timing, prononcé ce « ah ? tu as déjà… ? Bon ok. », entendu ce facile et flatteur « tu m’as trop excité ».
Quand on sait que la moyenne d’un coït en France est de 7,3 minutes, ce qui est incroyablement court, je n’ai qu’une pensée pour les femmes qui pratiquent régulièrement le sexe avec des partenaires dits précoces c’est « oh la vache ! ».

Et pourtant, j’essaie de voir le côté positif de la chose. Je me dis que faire l’amour avec un homme « rapide », c’est un peu comme manger du gâteau au chocolat en plusieurs fois, à condition qu’il ne se passe pas des heures entre chaque bouchée bien sûr.

Mais surtout dans la famille « amant pas facile », il y a un frère bien pire dont on ne parle pas assez : l’over-endurant… Celui qui ne finit jamais, celui qui croit que le sexe est le prolongement de sa salle de gym, celui qui au jeu des 1000 Bornes doit toujours tomber sur la carte « increvable ». Foutue mauvaise pioche, à quand celle de « l’as du volant » ?!

Bref, à choisir, je prends sans aucun doute le « rapide ». Avec lui, pas de démarche à la cow-boy, pas de courbatures aux adducteurs, pas de simulation désespérée pour éjaculation avancée… Et quand le pressé, qui connaît ses limites, va mettre l’accent sur les préliminaires, l’over, lui, va se vanter d’être le lapin Duracell, inconscient qu’il a aussi un problème !

Mais qu’ils ne disent pas qu’on n’est jamais contente. « Plus c’est long, plus c’est bon » je veux bien, mais quand même… Non au sexe Koh-Lanta !

Le coup de la panne

Il y a des situations délicates qui devraient être passées sous silence mais surtout qui devraient se vivre… dans le silence.
Pourquoi faisons-nous toutes la même erreur ? Pourquoi s’entête-t-on à vouloir minimiser la chose alors que Jacques, tout nu de son état, n’a qu’une envie : filer la queue entre les jambes. Pourquoi faut-il toujours que l’on prononce cette phrase maudite qui se voudrait  à la fois rassurante et déculpabilisante ?

En réalité, ces quelques petits mots assemblés, tels les composants parfaits d’une bombe sans retardement, iront terrasser la dernière petite once d’égo et de virilité de notre cher et tendre, lui qui s’accrochait à l’espoir d’une remise en service immédiate de la machine, mais en vain… La chique est coupée !
Je vous le demande. Pourquoi, quand Monsieur a une panne,  s’improvise-t-on reine de la mécanique de bas étage, un peu plus intéressée cette fois à en comprendre la cause. Manque de carburant, incompatibilité homme/machine, mauvaise manipulation de l’engin ?
En clair, pourquoi prononçons-nous la phrase qu’ils redoutent tant : « C’est pas grave tu sais ».

Bien sur que ça l’est, c’est même terrible pour eux. C’est un tournant dans leur vie, la fin d’une ère de sexe industriel, sans peur et sans reproche. Les voilà propulsés dans une sexualité émotionnelle, où leur état d’esprit vient directement interagir et tourmenter leur entrejambe. Et nous, observatrices impuissantes, assistons à une scène digne d’une mauvaise parodie qui pourrait s’appeler « l’homme qui murmurait… à son pénis. Voilà qu’ils s’isolent, se ferment, s’obstinent à frotter la lampe du petit génie pour ne pas rester sur cette impression de soufflet qui retombe.

N’y a-t-il donc pas un manuel, un SAV, une notice Ikea, un bouton reset ou mieux encore… Un mode sans échec !